Wade, Wade, Wade. Cela fait des années qu'il s'entraîne, qu'il cherche à atteindre les sommets de son art. Et il est doué, vraiment doué. Mais un peu taciturne aussi. Sa voix sonne comme celle d'un violon cassé. Il est né en bas de l'échelle, mais il a malgré tout une grande noblesse en lui, difficile à discerner parce qu'il ne la manifeste pas beaucoup. Wade a toujours été quelqu'un de  réservé et imprévisible. Il est ouvert d'esprit et généreux, mais pas assez expressif pour que l'on puisse retenir ces aspects de sa personnalité. C'est parce que le monde ne voit en Wade que ce qu'il veut bien lui montrer. Ses démonstrations de vigueur ne manquent pas à l'arène, et tout ça, il le fait par besoin de reconnaissance. Pour montrer au monde entier qu'il existe. Qu'il n'a pas besoin d'être paré d'or et d'argent rutilant pour se donner de l'importance.

Derrière cette façade, Wade est quelqu'un de très énergique et curieux, qui prend plaisir à découvrir de nouvelles choses et s'intéresse à tout ce que la nature peut offrir à l'humanité. Et il le doit à son épanouissement dans son domaine, car tous les proches de Wade s'accorderont sur le fait qu'il n'a pas été un adolescent facile, par le passé.

Et l'histoire commence par une erreur. Sa mère l'enfanta alors qu'elle n'avait pas les moyens de s'occuper seule de sa progéniture. Et son père, une vaste blague : disparu peu après l'accouchement. Cet homme si riche et si précieux ne pouvait pas assumer le bâtard de fils que lui avait donné cette femme infortunée. Wade a donc grandi dans la boue et dans le dédain des plus haut classés que lui, une vie qui l'a rendu plus fort et plus combatif. Mais il est aussi devenu impulsif, désinvolte et insalubre. Aux yeux de tous, un gamin sans potentiel qui n'avait aucune envie de travailler pour assurer son avenir. Ainsi était-il parce qu'on l'avait depuis longtemps convaincu qu'il ne pouvait pas être autrement.

Alors il a volé. Il a cassé des gueules. Il a insulté l'autorité maternelle. Il a craché sur la royauté. Il a anéanti tout le peu d'intégrité sociale qu'il avait. Quelque chose a hurlé en lui pendant des années, avant de le mettre finalement au pied du mur. Wade. T'es bon à rien. Toujours ces mêmes paroles, ce même rejet, cette haine incontrôlée. Puis un homme lui a tendu la main, alors qu'il était étalé sur le sol poussiéreux, noyé de sang et de larmes, après s'en être pris à plus fort que lui. T'es bien crade mon gars, mais tu te défends bien. Tu ne voudrais pas apprendre à manier l'épée ?

Et ce fut un tournant décisif dans sa vie. À force d'entraînement, il est devenu un combattant aguerri. Il a enfin pu se concentrer sur quelque chose, éprouver la volonté de se surpasser, et pour le plus grand soulagement de sa mère, il semblait avoir trouvé sa voie. Il fut intégré aux combats de l'Arène, et si ses premiers échecs le démotivèrent, il redoubla de persévérance et parvint à se faire un nom en tant que combattant. C'était totalement inespéré. Il était fier. Fier de ne plus vivre au jour le jour, d'avoir un objectif, et de pouvoir enfin dire à sa mère : demain, la vie sera meilleure.

Oui, Wade est avant tout un homme de parole. Un dur à cuir d'une indéfectible sincérité.

Physiquement, il n'y a pas grand chose à dire. Il est doté d'un certain charisme et d'une prestance rares chez les gens de son milieu social. Mais il a un physique relativement banal, en dehors de la carrure puissante et des épaules larges du combattant qu'il est. Il porte autour de son cou une chaîne en or très fin, parée d'un somptueux rubis en guise de pendentif, toujours dissimulée sous ses vêtements. Comment il l'a eue ? De sa mère. Et sa mère l'a eue de son père biologique. Un fabuleux cadeau d'un homme qui les a lâchement abandonnés du jour au lendemain. Wade la porte comme une épée de Damoclès, comme une évidente provocation à qui voudra bien la reconnaître. Tu te souviens de cette babiole, connard ? Oui, tu t'en souviens. Regarde-moi, je suis là. Je te retrouverai et je détruirai ta vie de la même façon que tu as voulu détruire la mienne.